Charles à l'école des dragons
Charles à l'école des dragons, Alex Cousseau, ill. Philippe-Henri Turin.- Seuil jeunesse, 09.2010
Charles le petit dragon naît un peu maigrichon, mais pour ses parents, c'est le plus beau. Quand il commence l'école, il s'aperçoit que "les autres sont très différents de lui. Aucun n'a de si grandes ailes, aucun n'a son imagination." Surnommé le poète par ses congénères, il est vite relégué au fond de la classe. Alors que les autres noircissent leurs cahiers de feu, lui écrit des poèmes. Quand ils apprennent à voler, Charles se retrouve par terre. La vie lui semble pénible et bien compliquée, malgré l'amour de ses parents. Il se sent bien seul. Las des moqueries, il s'enfuit. A la faveur de l'éruption d'un volcan et du conseil avisé d'une mouche, (sorte de Jiminy Cricket pour dragon) Charles s'envole enfin vers d'autres horizons...
Le ton est plein d'humour et de poésie, comme les vers de Charles à l'autodérision manifeste. Ne serait-il pas une réinterprétation de l'Albatros d'un certain Charles (Baudelaire) ? Figure du poète maudit, "Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid" "Ses ailes de géant l'empêchent de marcher"... Charles le dragon sait qui il est. Il perçoit les autres comme différents de lui. Ses ailes et son imagination sont ses attributs. Faiblesse et force à la fois. Le "Pourquoi pas moi" suggéré par la mouche suffira à en faire une singularité heureuse, émancipatrice. L'amour de ses parents, même s'il ne peut le protéger des moqueries et de la souffrance, en aura été assurément le ferment. Nous, parents, c'est tout ce qu'on espère, non ? Les illustrations flamboyantes (flirtant avec le kitsh asiatique) et le très grand format en font un vrai feu d'artifice pour la lecture partagée !