Oh non, George !

Chris Haughton

L'album s'ouvre par cet exergue d'Epictète : "Penser est facile. Agir est difficile. Ce n'est pas par la satisfaction du désir que s'obtient la liberté mais par la destruction du désir. Nul homme n'est libre s'il ne sait se maîtriser." Ambitieux programme !

Harris laisse à la maison son chien George avec ces mots "Tu promets d'être sage, George?" Le chien promet, mais déjà le doute s'immisce, transformant la promesse en voeu : "J'espère que je serai sage, pense George." Mais les tentations sont multiples. Il sait qu'il a PROMIS d'être sage mais il ADORE tant ce qui est interdit. Le dilemne est puissant, témoignant de la conscience à l'oeuvre. A chaque fois, la question est posée au lecteur "Que va faire George ?" L'imminence de la catastrophe fait jaillir la réponse qui a la forme de la réprobation mais la tonalité jouissive de la transgression... Quand Harris rentre, George tente de se faire pardonner. Une promenade ensemble lui donnera l'occasion de montrer qu'il peut surmonter sa frustration... jusqu'à un certain point dont l'issue reste ouverte, heureusement ! La pensée de George s'élabore sous nos yeux. Les siens étant d'une expressivité fascinante dans le questionnement. Nous sommes convoqués à cette réflexion : faut-il céder à ses pulsions au risque de décevoir ceux qu'on aime et qui nous font confiance ? La réponse n'est pas binaire mais en mouvement, comme dans la vraie vie. Intelligent.

Thierry Magnier 04.2012